EXTRAITS DU LIVRE NUMERIQUE “EN QUÊTE D’AUTONOMIE”




ECOLIEU LES LOUPS
2020.

EXTRAITS :  Dans le nord de la Mayenne se trouve «L’ écolieu Les Loups». C’est le premier lieu où je me rends en juin 2020, je suis ravie de pouvoir enfin prendre la route. Les objectifs de Cyril, 36 ans, pour l’ écolieu sont «la permaculture, la récupération et la création». «L’écolieu Les Loups» est un lieu de passages, de rencontres et de recherches de transitions écologiques. Il y a 6 ans, Cyril achète ce terrain de 4600 m² dans le département où il vit depuis sa jeunesse dans le but de fonder cet écolieu. Après le confinement, je suis une des premières personnes à être accueillie à nouveau et je passe une courte semaine très calme avec Cyril. Je l’aide notamment dans ses multiples projets. Ce lieu me semble très agréable à vivre et j’ai mille et une choses à photographier. Je découvre un écolieu créé de toutes pièces par une seule personne et je trouve ce choix impressionnant vu l’ampleur de l’investissement que demande un tel projet. Il y a trois ans, Cyril se lance dans cette aventure et aujourd’hui il vit sur l’écolieu à l’année avec ses chiens dans une forêt nouvelle bordée d’une petite rivière entièrement boisée de plus de 600 arbres relativement jeunes et de quelques chênes emblématiques plus anciens. Il accueille régulièrement des personnes qui souhaitent découvrir et expérimenter une vie différente. Il partage régulièrement ses propres expériences, ses idées mais aussi ses doutes sur les réseaux sociaux. Cyril est une personne sensible et créative, à la recherche d’une vie simple et plus autonome. Il remet en question par la pratique, un monde de croissance auquel il ne veut plus participer comme toutes les personnes que je rencontre au cours de ce projet photographique.






NATHALIE ET MATHIEU
2020.


EXTRAITS : Dans une forêt au cœur du Périgord vert se trouve le projet familial de Mathieu et Nathalie, celui de vivre en autonomie avec leurs animaux sur un terrain en fermage de 3 hectares. Le couple vit dans une cabane en bois avec leurs trois enfants. En un an sur ce lieu, celui-ci est devenu rapidement autonome en énergies. Je passe une semaine fin juin avec elleux à partager leur quotidien, pleinement intégrée à toute la famille. Mathieu et Nathalie se définissent comme féministes et anarchistes et sont à l’origine informaticien et éducatrice spécialisée. Iels n’ont aujourd’hui plus d’emploi rémunérateur, s’occupant à plein temps de leurs enfants. Je trouve leur chemin parcouru sur ce terrain admirable et le couple très inspirant. Ces deux individu.e.s sont passionné.e.s par l’être humain et le vivant en général et se questionnent profondément sur le fonctionnement du système dans lequel nous vivons. J’ai pu partager avec eux de longues discussions sur ces sujets, et leurs connaissances dans de nombreux domaines m’ont vraiment impressionnée. Iels sont habités par un profond désir de changement sociétal global écologiquement cohérent, et parallèlement à leur vie de famille, iels recherchent activement des solutions politiques collectives.


SOURCES DU LAVANDOU
2020.

EXTRAITS : C’est dans un joli coin reculé de Corrèze que se trouvent «les sources du Lavandou», à la fois un lieu de vie et un espace militant. En contrebas d’une petite route départementale, de nombreux chemins sinueux qu’on ne peut emprunter qu’à pied, s’entremêlent dans une forêt et me mènent jusqu’aux cabanes. Je me sens très rapidement à ma place dans cet endroit magique, incroyablement harmonieux et apaisant. C’est ici que s’élabore et s’expérimente le mouvement de la «Désobéissance Fertile», fondé par Jonathan et Caroline. J’y arrive avec une grande envie de rencontrer le couple qui a pensé et initié ce mouvement maintenant très médiatisé et qui s’inscrit pleinement dans la démarche de mon reportage. Lors de ma venue en juillet 2020, Jonathan rédige d’ailleurs le manifeste qui se trouve aujourd’hui en librairie. Iels sont sept à vivre sur place et à partager les mêmes aspirations, celles d’être au contact de la nature et de repenser leurs relations à elleuxmêmes, aux autres, à leur façon d’habiter le monde et de cohabiter avec tout le vivant environnant. Je vis avec les habitant.e.s dans la bienveillance qu’iels s’offrent et je profite du bonheur simple que me renvoie chacun.e qui rayonne d’une joie quotidienne. Leurs journées s’organisent entre le travail de la terre et les temps personnels, dans une recherche d’équilibre constant entre «l’agradation» du lieu et une reconnexion avec soi. De cet accueil chaleureux, je garde notamment le souvenir des longues soirées d’été bercées aux sons des instruments, des chants et du crépitement des flammes du feu de camp.



LAURENCE ET GILLES
2020.

EXTRAITS : Laurence et Gilles sont installés au cœur du Lot dans une maison au milieu d’un terrain de 5 hectares. Le couple m’accueille fin juillet 2020 en pleine canicule. Malgré la chaleur écrasante de ces journées d’été, je suis très enthousiasmée par cette rencontre. J’ai hâte de découvrir comment iels concrétisent leur envie d’une autonomie alimentaire la plus totale. Sur ce sujet, c’est la démarche la plus radicale que je rencontre alors je suis impatiente de découvrir son fonctionnement. Une fois arrivée chez Laurence et Gilles, je ressens immédiatement toute la passion et la motivation qu’iels investissent dans ce choix de vie, ainsi que la modestie du couple vis-à-vis de tout le travail et les savoirs-faire qu’iels développent. Leur lieu de vie est composé de forêts (principalement des châtaigniers), de parcelles dédiées aux animaux et d’autres aux potagers. En achetant cette propriété il y a 12 ans, iels font le choix de ne plus avoir d’emplois. Leur objectif est clair dès le départ : devenir autonomes d’un point de vue alimentaire dès la première année d’installation. Grâce à l’énorme travail qu’iels déploient sur le terrain depuis leur arrivée, Gilles et Laurence se suffisent de leurs diverses productions.



ECOLIEU EN AVEYRON
2020.

EXTRAITS : Il y a 6 ans en Aveyron, un écolieu culturel autogéré a vu le jour sur les ruines d’une ancienne carrière à chaux de 8 hectares. L’écolieu est à la fois un lieu de vie et un espace d’activités associatives. Il est ouvert au public et des événements s’y déroulent à la belle saison, parallèlement à l’accueil d’artisan.e.s et de résidences d’artistes. Cet endroit que je pressens très vivant et multiple m’attire beaucoup et c’est avec hâte que je découvre le fonctionnement de l’écolieu, si inspirant. Je suis notamment très touchée par une de leur initiative : iels déclarent 1,5 hectares de leur espace inaccessible aux humain.e.s pour y préserver les espèces sauvages. Entre les arbres et herbes hautes, les taillis et les haies sont préservés et je sens ici la vie sauvage s’épanouir pleinement, dans une cohabitation très attentive. Je reste une dizaine de jours sur place fin août pour prendre le temps de rencontrer tout le monde. Je suis très curieuse de découvrir l’organisation du collectif. Cet écolieu se veut être un espace de création culturelle et d’éducation populaire. Un endroit qui favorise les rencontres et le lien social autour d’outils de créations artistiques, d’expérimentations écologiques et d’organisations citoyennes. C’est aussi un laboratoire où s’expérimentent des outils de gouvernance partagée et où l’on essaie d’inventer d’autre possibles. L’association comporte une dizaine de membres actif.ve.s de 11 à 65 ans qui vivent sur place où aux alentours et certain.e.s sont membres de la S.C.I. qui détient le lieu. Une quarantaine d’adhérent.e.s. participent également activement à la vie de l’écolieu et plusieurs centaines le fréquentent occasionnellement ou dans le cadre d’activités régulières. Le hameau de vie quant à lui est une zone sur le terrain où sont hebergé.e.s des membres actif.ve.s ou des adhérent.e.s s’engageant à devenir membres actif.ve.s. L’association leur met à disposition une parcelle pour poser leur habitat mobile ou léger, en échange d’une participation financière aux impôts fonciers et à l’assurance, ainsi que de la responsabilité de l’entretien des structures du site. Le groupe se constitue de manière affinitaire et s’auto-organise pour sa vie commune et l’aménagement de cet espace du lieu. Le hameau accueille également d’autres adhérent.e.s de l’association de manière temporaire, dans le cadre de stages, résidences, chantiers bénévoles, événements etc. Chacun.e.s des habitant.e.s mène ses propres activités professionnelles et tou.te.s se retrouvent autour de chantiers communs dont la permanente restauration des bâtiments du lieu. Ce collectif s’active aussi à devenir plus résilient face aux bouleversements climatiques et sociaux qu’il pressent à venir.



LA GUETTE
2020.

EXTRAITS : L’écolieu «la Guette en Brocéliande» est niché au cœur de l’Île et Vilaine, au beau milieu de la mythique forêt de Brocéliande. Ce lieu de deux hectares et demi et l’association «La guette, terre et partage» ont vu le jour il y a vingt ans sur l’initiative d’Alexis, 81 ans. Cet endroit paisible est un carrefour de rencontres intergénérationnelles qui favorise toutes les alternatives dans l’espoir de voir éclore de nouveaux mondes. C’est à la fois le berceau de multiples rassemblements, de recherches, de rencontres, mais aussi un lieu-refuge pour bon nombre de personnes de passage. Que l’on vienne participer aux événements publics, trouver un espace de calme dans une période mouvementée de sa vie, ou se balader simplement dans la forêt, «la Guette» est ouverte à tous.tes. Je passe quelques jours ici fin septembre vers la fin de mon périple et je constate beaucoup de mouvements dans cet écolieu dynamique où l’on expérimente pleinement la simplicité volontaire. «La Guette» compte environ douze événements annuels qui attirent jusqu’à deux mille personnes chaque année. Et malgré tout ce passage, Alexis le fondateur du lieu, reçoit chacun.e avec toujours autant de chaleur et de joie. J’arrive ici impatiente de découvrir un lieu de vie créé il y a si longtemps. «La Guette» qui existe depuis maintenant vingt ans me prouve que les alternatives, tout en restant mouvantes, peuvent être pérennes. Cet écolieu est aussi la preuve par l’exemple qu’il est encore possible de créer ce type d’initiatives sans être dépendant des réseaux sociaux. «Je n’ai pas de télé, pas de portable, pas d’internet ! Il y a d’autres gens qui mettent sur internet pour nous. C’est l’un de nous qui a décidé ça mais moi j’ai fonctionné longtemps sans rien. Bouche à oreille, affiches et annonces dans les journaux spécialisés comme Passerelle éco, S!lence, L’âge de faire, Sans transition ! etc, ou dans des radios locales, des choses comme ça.» Durant mes quelques jours sur place, je découvre le lieu mais aussi son fondateur, Alexis, qui accompagne depuis des années des personnes et des initiatives sociales ou écologiques. C’est une personne remarquable de résilience et qui rayonne d’une générosité sans limite pour les gens qui l’entourent. Je crois que l’histoire et la magie de «La Guette » vient aussi de celle de son créateur atypique, cette figure d’une grande humilité pour qui rien ne semble impossible.




ROULOPA
2020.

EXTRAITS : Roulopa est une association créée par Mickaël et Florian. Ce couple, avec leurs chiens et chat, sillonnent les routes depuis l’été 2018 à bord d’une roulotte tractée par deux chevaux de trait. Ils incarnent pour moi la simplicité volontaire avec leur choix de vie nomade qui a comme objectif la transmission et le partage d’une autre façon d’habiter le monde. «On ne sait jamais quand on arrive, on ne sait jamais quand on repart». Partis de Gironde, ils sont de passage dans le Morbihan en septembre 2020 où je les rejoins pour quelques jours. Ils cherchent alors à se rendre dans le Finistère, prochaine étape où ils prévoient de se marier à l’été 2021 avec tous leurs proches et toutes les personnes qui les ont accueilli durant leur voyage. Mais leur envie de voyage ne s’arrête pas à la Bretagne. Avec leur roulotte et leurs chevaux, il visent «le bout du monde». Pour l’atteindre, il ne leur reste plus qu’à savoir où il se situe, et ils ne semblent pas pressés de le découvrir : sans objectifs géographiques ni contraintes de temps, ils profitent simplement de leurs expériences et vivent au fil des rencontres. La vie de nomade en roulotte hippomobile impose intrinsèquement un mode de vie décroissant. Ce sont des préoccupations et un quotidien différents d’une vie sédentaire, c’est ce qui me pousse à faire la rencontre de ce couple. Cette vie de nomade en roulotte, assez rare en France, permet pourtant une grande liberté et une certaine autonomie. Comme ils déplacent leur habitat, ils n’ont besoin pour vivre que de nourriture ainsi que de quelques litres d’eau qu’ils glanent ici et là. Je rencontre deux personnes qui respirent la joie et la légèreté et qui m’accueillent très chaleureusement.







POUR COMMANDER LE LIVRE